Chaque année, le départ du Tour Divide marque un tournant dans l’univers du bikepacking. Plus qu’une simple course, c’est un laboratoire à ciel ouvert où s’expriment les tendances, les innovations matérielles et les convictions de celles et ceux qui repoussent les limites de l’endurance à vélo. L’édition 2025 n’a pas fait exception. Entre montures ultralégères, géométries taillées pour la distance et sacoches astucieusement réparties, les riders ont une nouvelle fois redéfini les standards.
Dans cet article, je te propose un tour d’horizon complet des montures, équipements et choix techniques repérés lors de l’édition 2025. Que tu prépares une aventure de plusieurs semaines ou un simple week-end en autonomie, tu y trouveras des idées concrètes pour optimiser ton propre matériel de bikepacking.
Sommaire
Le Tour Divide : une course mythique, un terrain de test extrême
Pour bien comprendre les choix techniques des riders, il faut d’abord se rappeler ce qu’est le Tour Divide. Un tracé de plus de 4 400 km qui suit la Continental Divide depuis Banff (Canada) jusqu’à Antelope Wells, à la frontière mexicaine. Plus de 60 000 m de dénivelé positif, des températures extrêmes, de la boue, du sable, des orages, des ours et des galères mécaniques à n’en plus finir. Bref : un défi hors normes. C’est dans ces conditions que s’expriment les setups les plus performants. Et ceux qui fonctionnent ici ont de fortes chances de briller sur ton prochain trip, qu’il fasse 200 ou 2000 km.

Quel vélo pour le Tour Divide ? Le règne du hardtail et du gravel costaud
Le VTT semi-rigide : toujours en tête
Comme lors des éditions précédentes, le VTT semi-rigide (hardtail) reste le grand favori. Pourquoi ? Parce qu’il offre un compromis idéal entre confort, fiabilité, capacité de portage et efficacité sur les pistes roulantes. Les vélos les plus populaires ? On a vu défiler du Salsa Cutthroat, du Trek Procaliber, du Chumba Yaupon, mais aussi des modèles personnalisés en acier ou titane de chez Tumbleweed, Curve ou Why.
Le montage typique : roues de 29 pouces, fourche rigide (souvent en carbone), poste de pilotage élargi avec prolongateurs, et géométrie stable pour les longues journées en selle.
Gravel ou VTT léger : des challengers crédibles
Une tendance qui se confirme : certains riders optent pour des vélos typés gravel, mais robustes, avec des pneus en 2.1 voire 2.3 pouces. L’idée ? Gagner en rendement sur les portions roulantes tout en conservant une capacité à passer partout. Des vélos comme le Otso Fenrir, le Salsa Fargo ou le Mason InSearchOf jouent parfaitement ce rôle.
Les transmissions : simplicité et fiabilité avant tout
Ici, pas de place à l’expérimental. Le 1×12 domine largement. Moins de composants, moins de problèmes. Les groupes SRAM Eagle sont également omniprésents. Certains riders montent une cassette 10-52, parfois associée à un plateau de 30 ou 32 dents pour mieux encaisser les longues montées chargées.
La transmission électronique (SRAM AXS) fait son chemin, notamment chez ceux qui visent la performance pure. Mais elle reste toutefois minoritaire, en raison des questions d’autonomie et de réparabilité sur le terrain.
Pneus, roues et pressions : le trio gagnant
Pneus : du volume et du grip
Les pneus les plus utilisés en 2025 ? Des modèles en 2.2 à 2.4 pouces, souvent tubeless. Parmi les grands classiques, on retrouve le Maxxis Ikon, le Vittoria Mezcal, le Schwalbe Racing Ralph ou encore le René Herse Fleecer Ridge. Tous privilégient un bon rendement sur pistes compactes, tout en assurant un minimum de grip en terrain meuble ou boueux.
Roues : la fiabilité avant tout
Les jantes carbone se généralisent, mais les modèles alu robustes restent très présents. Largeur interne autour de 25 à 30 mm, pour un ballon bien stable à basse pression.
Pressions : adaptées à la charge
La plupart roulent entre 1,4 et 1,8 bar à l’arrière, et légèrement moins à l’avant. Les riders gonflent en fonction de la charge et des sections traversées. Les inserts type CushCore XC commencent aussi à se démocratiser pour éviter les pincements et sécuriser les longues descentes.

Sacoche de cadre Restrap
- Étanche
- Poids: 255 g
- 500 x 60 x 125 mm
- Volume : 4,5 L

Sacoche Restrap Racing
- Étanche
- Poids: 240 g
- 500 x 60 x 125 mm
- Volume : 4,2 L
Les sacoches : légèreté, aérodynamisme et accessibilité
C’est sans doute le point le plus intéressant pour nous bikepackers : l’art de charger son vélo pour 3 semaines d’autonomie, sans perdre en rendement ni casser le dos. Voici donc les tendances fortes de ce Tour Divide 2025.
Cadre + guidon + tige de selle : le trio classique optimisé
Le setup de base reste identique : une sacoche de cadre (souvent intégrale), une sacoche de guidon pour le duvet ou la tente, et une sacoche de selle pour les vêtements. Mais les marques comme Revelate, Apidura, Tailfin ou Rockgeist ont affiné leurs designs : zips renforcés, tissus ultralégers, fixations anti-balancement, gain d’accès. De plus en plus de coureurs optent pour des systèmes de porte-bagages rigides type Tailfin Aeropack, pour plus de stabilité sur les longues descentes.
Sacoches additionnelles : cockpit et fourche
Les sacoches de top tube sont omniprésentes, pour la nourriture, l’électronique ou les objets d’accès rapide. Sur la fourche, on trouve presque toujours deux supports type Anything Cage avec des drybags : une pour le matelas, l’autre pour la popote ou des vêtements de rechange.
Hydratation : un point critique
Les riders emportent entre 4 et 6 litres d’eau en moyenne, répartis entre des bidons classiques et des flasques souples. Le sac d’hydratation (type Camelbak) est souvent évité à cause de la chaleur et du poids sur le dos, sauf dans les sections très arides. Certains utilisent des systèmes type Bladder fixés dans le triangle du cadre.
Les setups des bikepackers français du Tour Divide 2025
Sebastien Mièze

Avec son approche méthodique et son expérience en ultra-distance, Sébastien Mièze aligne un vélo qui ne laisse rien au hasard. Il a choisi un Origine Théorème hardtail, un VTT rigide en carbone taillé pour la nervosité, équipé d’une fourche RockShox SID Ultimate 100 mm, de roues NORTHWHEELS 30 mm, et d’un moyeu arrière Hope Pro5 connu pour sa robustesse. À l’avant, une dynamo SON28 montée avec des rayons CX-Ray, pour un combo léger, fiable et autonome. La transmission est un bijou de précision : SRAM XX1 AXS sans fil, pédalier X01 avec capteur de puissance, plateau de 36 dents, cassette 10-52T, et boîtier de pédalier C-Bear céramique pour un rendement optimal. Il roule en Vittoria Mezcal 29 x 2.4″, parfaits pour équilibrer grip et rendement. Enfin, il clipse ses pieds dans des pédales Shimano XT, un classique éprouvé.
Côté sacoches, Sébastien mise sur un mix efficace : un Tailfin Aeropack 15 L pour le volume arrière rigide et aérodynamique, complété par une sacoche de cadre et un top tube bag, plus une trail bag Evadict 15 L ajoutée pour étendre sa capacité sur les longues sections isolées.
Son matériel de bivouac est léger et polyvalent : une tente Big Agnes 1 personne, une couverture Cumulus pour maximiser la compacité, et une lampe kLite fixée pour affronter les nuits noires en toute confiance. Pour le casque, il fait confiance au Abus Airbreaker, un bon compromis entre ventilation et protection, accompagné de lunettes Julbo, taillées pour l’exposition prolongée en haute montagne.
Enfin, niveau navigation, Sébastien ne rigole pas avec la redondance : Garmin 1040 Solar pour l’autonomie prolongée, Garmin 1050 en backup, et un Spot X tracker pour la sécurité et le suivi satellite. Un montage précis, fiable, et clairement tourné vers la performance longue durée. Chez Sébastien, tout est pensé pour durer…
Louis Duclaux

Louis Duclaux incarne cette nouvelle génération de bikepackers qui savent tirer le meilleur d’un montage accessible. Pour le Tour Divide 2025, il prend le départ avec un Rockrider Race 900 — un VTT de chez Decathlon — qu’il a lui-même modifié de fond en comble pour répondre aux exigences du parcours. Guidon drop bar monté artisanalement, transmission mélangée Shimano GRX / Deore XT 1×12 avec un plateau de 36 dents et une cassette 10-51, et une paire de Vittoria Mezcal 29 x 2.35”, aussi à l’aise dans la poussière du Nouveau-Mexique que dans les sentiers caillouteux du Montana. Il a aussi choisi une selle Ergon, connue pour son confort en ultra, et une paire d’extensions aérodynamiques 52A pour reposer ses bras sur les longues lignes droites.
Côté chargement, Louis joue la carte de la modularité. Il embarque une sacoche de cadre Restrap, des sacoches top tube, aéro et hydratation, et deux Aeroe de 8 L accrochées à l’arrière. Sous le tube diagonal, une Tailfin de 3 L vient compléter le setup pour équilibrer le poids et l’aérodynamisme.
Pour passer les nuits à la belle étoile, il a opté pour une tente Big Agnes HV UL1, légère et fiable, couplée à un sac de couchage Mammut -11°C, histoire de ne pas trembler aux altitudes de la Great Divide.
Enfin, pour la navigation, Louis roule avec un Garmin Edge 1030 Plus et garde son iPhone en backup, avec la trace chargée sur Komoot. Une solution simple, mais éprouvée, pour éviter les mauvaises surprises. Son approche minimaliste mais réfléchie prouve qu’on peut participer à l’un des plus grands défis bikepacking au monde sans exploser son budget, à condition d’avoir un peu d’ingéniosité… et beaucoup de détermination.
Gaëtan Vidal

Gaëtan Vidal s’élance sur le Tour Divide 2025 avec une machine pensée pour l’efficacité, la légèreté et une dose de flair bien à lui. Il roule sur un Chiru Fukai, un cadre titane typé ultra-distance, monté avec une fourche RockShox SID 100 mm et une tige de selle Redshift ShockStop pour encaisser les irrégularités des longues pistes. Sa transmission est en SRAM 1×12, avec un plateau de 32 dents et une cassette typée large, parfaite pour grimper sans exploser les jambes. Côté roues, on trouve également des pneus Vittoria Mezcal en 29 x 2.10” montés sur une roue avant dynamo SON, pour l’alimentation continue. Et pour les longues sections roulantes, il a ajouté des prolongateurs Profile Design Ergo, gage de confort et d’aérodynamisme.
Ses sacoches de bikepacking sont un modèle d’équilibre : un frame bag Cyclite, un top tube bag assorti, et un porte-bagage Aeroe Spider à l’arrière, pour garder le centre de gravité bas et stable. À l’avant, il fixe une tente MSR Hubba Bikepack sur le cintre, le tout complété par un gilet d’hydratation Osprey Escapist Velocity, idéal pour accéder rapidement à l’eau et à quelques indispensables. Et sous le cadre, une capsule outils pour les réparations express… mais aussi, petite touche personnelle, un harmonica, glissé dans une poche pour remonter le moral quand le ciel devient trop lourd.
Pour la navigation, Gaëtan opte pour le Coros Dura, un compteur GPS solaire encore peu vu sur les grands événements, mais prometteur pour sa longévité et son autonomie. Un setup technique, léger, bien pensé — avec ce qu’il faut de singularité pour que le vélo raconte aussi un peu de son pilote.
Ce que tu peux en retenir pour ton propre setup
Tu n’as pas besoin de traverser les Rocheuses pour t’inspirer du Tour Divide. Même pour une micro-aventure en France ou un week-end de 3 jours, ces principes améliorent ton expérience. Voici quelques idées clés à retenir :
- Favorise la stabilité : répartis le poids pour que ton vélo reste maniable.
- Évite les gadgets : vise le simple, le fiable, le testable.
- Pense modularité : sacoches facilement accessibles et adaptables selon le terrain.
- Optimise ton autonomie : eau, nourriture, énergie… prépare-toi à être indépendant.
Le Tour Divide, c’est une course, oui. Mais c’est surtout une source d’inspiration précieuse pour tous ceux qui aiment rouler loin, longtemps, et en autonomie. Chaque vélo vu sur cette édition 2025 raconte une histoire de choix, de compromis et d’expérience. À toi maintenant de t’en inspirer pour construire ton propre setup, celui qui t’emmènera plus loin, plus librement.