C’est officiel : à partir du 1er janvier 2026, la vente de vêtements contenant des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sera interdite en France et en Europe. Ces composés chimiques, longtemps utilisés pour rendre les textiles imperméables et déperlants, sont désormais considérés comme des polluants éternels. Leur stabilité chimique, qui faisait leur force, est aussi leur faiblesse. En effet, ils ne se dégradent pas dans la nature et s’accumulent dans l’environnement, dans l’eau et même dans nos organismes.
Pour les marques outdoor, c’est un véritable séisme. Et pour nous, bikepackers, une question essentielle se pose : comment continuer à s’équiper efficacement sans PFAS ?
Sommaire
PFAS : comprendre le problème
Depuis des décennies, les PFAS sont utilisés dans des membranes techniques comme le Gore-Tex®, le eVent® ou d’autres revêtements DWR (Durable Water Repellent). Ils ont permis à des générations de cyclistes, randonneurs et alpinistes de rester au sec, même sous une pluie battante. Mais le revers de la médaille, c’est leur impact écologique massif.
- Présents dans les rivières et les sols,
- Toxiques pour certaines espèces,
- Bioaccumulables dans le corps humain,
- Et quasi impossibles à éliminer.
La législation européenne et française s’aligne aujourd’hui sur une exigence claire : sortir des PFAS pour protéger la santé publique et l’environnement.
Que dit la nouvelle réglementation ?
L’interdiction concerne tous les textiles et équipements imperméables : vestes, pantalons, gants, sur-chaussures, et même certains sacs et tentes. Les marques ont donc désormais jusqu’à fin 2025 pour écouler leurs stocks et proposer des alternatives.
En clair, à partir du 1er janvier 2026, les vêtements contenant volontairement des PFAS ne pourront plus être mis sur le marché. Cela inclut donc la plupart des produits imperméables classiques utilisés en bikepacking. À moins qu’ils ne passent à des technologies sans fluor (C0 ou PFAS-free).

Est-ce la fin des vêtements imperméables ?
Non, loin de là. La transition est déjà bien entamée, et de nombreuses marques ont anticipé le mouvement en proposant des membranes et traitements sans PFAS, tout aussi efficaces. Quelques exemples concrets :
- Vaude : Tous les produits d’habillement, sacs de couchage, sacs à dos et chaussures sont déjà sans PFAS depuis 2021. Les tentes le seront d’ici fin 2025.
- Patagonia : Transition à 100% vers des matières imperméables sans PFAS, sans PFOS et sans PFOA depuis 2024.
- Big Agnes : Toutes les nouveautés 2025 sont sans PFAS, notamment les tentes.
- Rab, Norrøna, Endura : Ont également supprimé les PFAS de leurs gammes imperméables.
- Gore-Tex : La nouvelle membrane ePE (polyéthylène expansé) sans PFAS est déjà disponible dans certaines gammes et généralisée à partir de l’automne/hiver 2025, avec des performances équivalentes.
Ces nouvelles générations de tissus sont plus respectueuses de la planète, mais aussi souvent plus respirantes et plus légères.
Que va changer cette transition pour le bikepacking ?
En bikepacking, l’équilibre entre protection, légèreté et durabilité est crucial. À ce titre, les nouvelles membranes sans PFAS ne compromettent pas ces qualités. Elles demandent, en revanche, de repenser notre façon d’utiliser et d’entretenir les vêtements techniques. Ce qu’il faut savoir :
- Les traitements déperlants s’usent plus vite. Il faudra donc réactiver la déperlance plus régulièrement (lavage doux + spray écologique).
- Les tissus respirants vieillissent avec le temps, alors il vaut mieux choisir des modèles polyvalents comme un poncho, une veste ultralégère ou une veste hybride.
- L’entretien devient une clé de longévité. Un vêtement bien lavé et réimperméabilisé durera plus longtemps. Même sans PFAS.
Quels vêtements choisir pour 2026 et après ?
Pour le bikepacking, voici les catégories clés à anticiper avant la fin des PFAS :
Vestes imperméables
Privilégie les marques qui ont déjà supprimé les PFAS :
- Vaude Escape Bike Light – (10 000 mm, 320 g)
- Patagonia Dirt Roamer Storm Jacket – (20 000 mm, 450 g)
- Decathlon Van Rysel RCR-R PRO – (20 000 mm, 152g)
- Rapha Lightweight – (128g).
Toutes ces vestes utilisent désormais des membranes sans fluor ou des traitements déperlants C0 DWR, avec une imperméabilité de 10 000 à 20 000 mm, largement suffisante pour affronter une journée de pluie soutenue.
Pantalons et surpantalons
Vaude Fluid Full-Zip : déjà conformes, robustes et écoresponsables.
Accessoires
Ne néglige pas les gants, couvre-chaussures et bonnets : les PFAS étaient souvent utilisés dans leurs finitions. Tourne-toi vers des gammes certifiées Bluesign® ou Oeko-Tex®.
Abris, tentes et sacoches
L’interdiction touchera aussi les revêtements imperméables des tentes et équipements de bivouac. Plusieurs marques ont déjà réagi :
- Big Agnes : tissu Hyperbead, sans PFAS, 6 % plus léger et jusqu’à 100 % plus solide.
- MSR et Sea to Summit : enductions à base de PU ou silicone modifié, plus durables et recyclables.
- Ortlieb et Apidura : gammes 100 % sans fluor, étanchéité conservée.

Comment prolonger la durée de vie de vos vêtements techniques ?
Le meilleur vêtement pour la planète, c’est celui qu’on garde longtemps. Voici donc quelques conseils simples pour entretenir ton équipement sans PFAS :
- Lave régulièrement, mais délicatement (lessive spéciale textile technique, pas d’adoucissant, pas de séchage trop chaud).
- Restaure la déperlance (spray écologique Nikwax, Granger’s ou Toko Eco + coup de chaleur doux).
- Répare, recycle, revend (services de réparation Vaude, Patagonia, kits de patches réparation).
Une opportunité pour consommer autrement
Cette transition forcée vers des vêtements sans PFAS n’est pas une contrainte, mais une opportunité. En effet, elle pousse toute la communauté outdoor (marques comme pratiquants) à repenser notre manière de nous équiper.
Au lieu d’acheter du neuf à chaque saison, on peut aussi miser sur :
- Des vêtements polyvalents et durables,
- Des produits réparables,
- Et des marques qui s’engagent vraiment pour la planète.
Mon avis de bikepacker
Je vois plutôt d’un bon œil l’interdiction des PFAS. Ces substances ont longtemps été le symbole de la performance, mais elles laissent derrière elles une empreinte environnementale difficile à justifier. Si les nouvelles technologies permettent de rester au sec sans contaminer durablement les sols et les rivières, alors c’est clairement un pas dans la bonne direction.
Et soyons réalistes : en bikepacking, on finit toujours par être un peu mouillé. Ce n’est pas un drame tant qu’on reste au chaud et qu’on peut sécher ses affaires ensuite. Aujourd’hui, je préfère une veste respirante, éco-conçue et réparable à un modèle “parfaitement étanche” saturé de traitements chimiques. Le vrai progrès, c’est d’allier efficacité et respect de la nature qu’on traverse.
Avec le temps, j’ai compris que le confort ne dépend pas uniquement du matériel. Une bonne gestion des couches, une veste bien ventilée, ou même un poncho bien conçu suffisent souvent à transformer une journée humide en expérience positive.
Aujourd’hui, je cherche moins la perfection technique que la cohérence : du matériel simple, durable et réparable, fidèle à l’esprit du bikepacking, celui de faire mieux avec moins !
Ma sélection de vestes sans PFAS pour le bikepacking
| Modèle | Imperméabilité | Poids | Points forts |
|---|---|---|---|
| Vaude Escape | 10 000 mm | 320 g | Membrane sans PFAS, certifiée Green Shape |
| Rab Cinder Phantom | 15 000 mm | 198 g | Pertex® Shield sans PFAS, ultra-légère |
| Endura GV500 | 20 000 mm | 320 g | ExoShell40DR sans PFAS, compatible vélo |
| Patagonia Dirt Roamer | 20 000 mm | 450 g | H2No Performance Standard, DWR C0 |
| Van Rysel RCR-R PRO Ultralight Rain | 20 000 mm | 152 g | Tissu et traitement DWR sans PFAS/PFC, ultra-légère, conçue pour le cyclisme |
| Rapha Gore-Tex Rain Jacket | 10 000 mm | 200 g | Légèreté, respirabilité, idéale pour le cyclisme |
Astuce : Quelle que soit la veste choisie, pense à entretenir régulièrement la déperlance avec un spray écologique (Nikwax, Granger’s ou Toko Eco). Cela prolonge la durée de vie de ton équipement et améliore la respirabilité.
La fin des PFAS dans l’outdoor est une révolution déjà en marche. Les alternatives existent, les performances sont au rendez-vous, et c’est l’occasion de repenser notre consommation vers plus de durabilité. À nous de jouer !




