Est-il possible de trouver des vêtements cycliste éco-responsables qui soient à la fois techniques, confortables, bien finis, stylés et performants ? Mais aussi suffisamment solides pour encaisser des milliers de kilomètres et dont la production et l’usage ne vont pas endommager encore davantage la planète ?
Sommaire
Comment faire le tri dans les vêtements cyclistes ?
Il peut être difficile de trouver les équipements de vélo qui répondent à toutes nos exigences. Qu’il s’agisse de qualité, de style, de technicité, de performance ou de confort. Selon notre budget et la distance que nous parcourons chaque année en vélo, nous pouvons avoir des critères différents pour choisir nos vêtements de cycliste. Cela peut rendre la recherche d’un vêtement qui répond à toutes nos attentes compliquée.
La sensibilité croissante aux effets du changement climatique pousse de plus en plus de marques à revendiquer des modes de production et des choix de matières vertueuses : du recyclé au bio-sourcé en passant par les fibres naturelles comme la laine mérinos et les innombrables labels qui rassurent (OekoTex, GOTS, GRS, Reach, etc…). Les marques établies rivalisent d’initiatives qui s’apparentent à une démarche éco-responsable. Mais au fond, qu’est-ce que l’éco-responsabilité dans le textile et dans l’univers du textile vélo en particulier ? Et quelles sont les politiques des marques établies en la matière ? Comment repérer les bonnes pratiques et identifier les produits éco-responsables ?
Les enjeux de l’éco-responsabilité dans l’industrie du textile vélo
À partir du moment où l’on produit quelque chose, on en détruit une autre. On abîme, on transforme et on impacte plus ou moins l’éco-système qui nous entoure. À ce titre, le textile est la 2ème (selon la police) ou 3ème (selon les organisateurs) industrie la plus polluante au monde. Et nous savons combien il est urgent et crucial d’enrayer cette dynamique. Selon la Ellen MacArthur Foundation, si rien ne change, en 2050, l’industrie textile pourrait être responsable du ¼ des émissions mondiales de gaz à effet de serre (contre 4 à 5% aujourd’hui). Il est alors naturel de se demander comment faire pour continuer à proposer des produits qui nous permettent d’assouvir notre passion du vélo sans en même temps contribuer à détruire notre terrain de jeu. Lorsque l’on se penche sur l’origine des impacts négatifs de l’industrie textile sur l’environnement et ses employés. On peut distinguer 3 enjeux principaux :
- la production textile en soi
- le modèle d’affaires qui prévaut dans le secteur
- le paradigme selon lequel “j’achète donc je suis” qui est devenu le leitmotiv plébiscité
La production
Elle représente à elle seule ¾ de l’impact socio-environnemental d’un vêtement. Entre la ponction de terres arables, la demande en eau pour la culture de fibres naturelles comme le coton. Le coût énergétique pour produire les engrais nécessaires à leur culture. Celle nécessaire à l’extraction du pétrole dont sont issus la plupart des vêtements de cycliste (le Polyester, l’élasthanne, le polyamide sont tous des dérivés de la pétrochimie et des produits assimilés aux plastiques). Les produits chimiques nécessaires à la teinture et à l’ennoblissement des fibres. Le coût de production d’une fibre ou d’une étoffe textile coûte un bras à la planète. Sans compter le bras humain qu’il coûte puisque les grands bassins de production de fibres textiles sont situés dans des pays où les droits humains et du travail en particulier ne sont pas aussi stricts que ceux auxquels nous sommes habitués. Ainsi, au Bangladesh, l’un des pays leaders de la production de vêtements dans le monde, le salaire minimum en vigueur est égal au 5ème du salaire minimum vital estimé par les ONG.
Le modèle d’affaires du secteur
Fabriquer des vêtements, et les vêtements cyclistes n’échappent pas à la règle, c’est avant tout produire en très grandes quantités. Comme toute industrie, plus je produis un article donné en grandes, plus son coût de production unitaire est faible. Ceci pousse les grandes marques à devoir s’engager à commander à leurs usines de confection de dizaines de milliers de pièces d’un même produit. Elles s’engagent donc, en général, très en avance sur des volumes donnés (1 voire 2 ans). Les marques s’imposent de cette manière à devoir écouler les stocks produits en ayant recours à tous les moyens possibles (marketing, publicité, promotions). Alimentant ainsi de facto le fameux paradigme du “j’achète donc je suis”.
Le paradigme de la croissance et de la consommation
Si des vêtements sont fabriqués à un bout de la chaîne, c’est qu’à l’autre bout, nous sommes là pour les acheter. Et c’est probablement là que réside le problème le plus épineux dans la mesure où l’on peut toujours chercher à réduire l’impact de la phase de production. À la rendre plus propre et vertueuse, mais il n’y a pas de matière miracle ni d’usine dont les opérations nettoient ou réparent la qualité. Produire c’est abîmer. Par conséquent, le fait d’acheter toujours plus de vêtements et de ne pas les garder, alors même que leur qualité le permettrait, entretient ce cercle vicieux de l’industrie de la mode.
Cette industrie ne se prive pas, par ailleurs, de nous mettre en tête cette conviction qu’il nous faut absolument ce maillot route coupe aéro dernier cri qui va nous faire gagner quelques 1/10èmes de secondes. Nous sommes sans cesse encouragés à acheter. À renouveler notre garde robe et, il faut bien l’avouer, il n’est pas toujours facile de résister.
En arrivant en fin de saison, puisque les collections suivantes ont déjà été commandées depuis bien longtemps. Il faut écouler les invendus quitte à les brader à grands coups de promotions. Nous encourageant à nouveau à craquer et à acheter des produits dont nous n’avons pas forcément besoin. Même si les promotions sont parfois l’occasion de s’acheter une pièce onéreuse que nous n’aurions pas achetée au prix standard.
En résumé, l’impact de l’industrie textile sur les hommes et femmes qu’elle emploie et sur la planète est la résultante d’une multitude de facteurs et d’habitudes difficiles à changer du jour au lendemain.
Comment évolue l’industrie du vêtement cycliste ?
D’un côté la prise de conscience par l’opinion publique que les pratiques en vigueur ne sont pas durables gagne du terrain. De l’autre, les acteurs de l’industrie textile ont compris qu’ils n’ont pas d’autre choix que de répondre à la demande des consommateurs de plus d’actions et de transparence pour contrer les impacts directs et indirects de leurs pratiques sur l’environnement. Il n’est donc pas étonnant de voir de plus en plus de marques de vêtements cyclistes s’emparer du sujet.
Quelques initiatives de vêtements cycliste éco-responsables à connaître
- Ashmei, mise sur la sobriété en proposant gamme de produits intemporels, aux couleurs indémodables afin de ne pas se sentir obligée de renouveler sa proposition dans l’unique but de suivre les tendances.
- Santini, et elle est loin d’être la seule, milite pour une utilisation généralisée de matières recyclées aussi bien dans les vêtements que dans les emballages.
- Pas Normal Studio, va un cran plus loin en mesurant leurs émissions de gaz à effets de serre. En communiquant les résultats et en affichant également des objectifs de réduction. Ces objectifs, en l’occurrence, concernent avant tout les économies d’énergie et des sources plus “vertes” d’énergie (une façon de faire d’une pierre 2 coups et d’alléger aussi les factures d’électricité).
- D’autres marques, enfin, se contentent d’afficher les labels et certifications de leurs fournisseurs sur une page, qui n’est pas toujours facile à trouver. Citons par exemple Rapha dont la page sur l’impact socio-environnemental n’est même pas accessible directement depuis le menu principal. Pour trouver les engagements de la marque, il faut descendre tout en bas du site. Disons que c’est un moindre mal car pour d’autres marques, que je ne citerai pas, n’abordent même pas le sujet sur leur site web.
L’éco-responsabilité du textile, une notion complexe
Au travers ces quelques exemples, nous constatons que l’éco-responsabilité est une notion complexe. Aussi, que les réponses qu’apportent les marques de vêtements cyclistes sont plus ou moins clairement énoncées. C’est-à-dire, plus ou moins au coeur de leur ambitions et stratégies. On peut, en revanche, s’interroger sur l’efficacité de ces mesures. Principalement, lorsqu’elles peuvent donner l’impression d’être énoncées pour des raisons marketing comme par exemple, le recyclé. Plutôt que de s’inscrire dans une stratégie ambitieuse et d’agir en profondeur sur les causes de l’impact environnemental de l’industrie de la fashion.
Enfin, nous constatons que l’un des principaux éléments constitutifs d’une démarche éco-responsable manque presque systématiquement à l’appel. Il s’agit de la transparence. Il est donc d’autant plus réjouissant de voir fleurir quelques initiatives radicalement engagées et différentes qui affichent l’ambition de reposer sur un modèle allant totalement à rebours du modèle traditionnel.
earthbeat: une marque de vêtements cycliste éco-responsable par nature
J’ai récemment découvert une marque que son fondateur souhaite construire pour qu’elle soit éco-responsable par nature, rien que ça ! J’ai trouvé intéressant de lui demander comment il comptait s’y prendre, quelles étaient ses sources d’inspiration et ses motivations profondes : morceaux choisis !
Pour Jérôme Homer, le fondateur d’earthbeat, le vélo est un prétexte et il est essentiel de permettre au plus grand nombre de vivre sa passion comme bon lui semble. C’est-à-dire, sans nécessairement lui dicter les modèles à suivre, souvent calqués sur la performance.
« Cycling is an excuse »
Le vélo comme prétexte, le slogan de la marque invite simplement à faire du vélo et à y trouver le prétexte qui résonne en soi : aller à la découverte des autres, de soi et s’immerger dans ce que la nature a de plus essentiel à nous montrer : sa rudesse, sa beauté, sa fragilité et son incroyable résilience.
Au-delà de la volonté de promouvoir cette vision de la pratique cycliste. earthbeat est également née de la volonté de concevoir, produire, commercialiser et faire durer ses vêtements cyclistes de façon totalement inédite dans le vélo. C’est-à-dire, de répondre quasiment point par point aux facteurs identifiés comme impactant trop fortement l’environnement. Ainsi, le modèle d’earthbeat repose sur:
- précommande : vendre avant de produire c’est encore le meilleur moyen de ne jamais sur produire et donc de ne jamais avoir à sur vendre.
- ne jamais encourager à la surconsommation : pas de soldes, pas de promotions, des prix stables tout au long de l’année et pas de communications incitatives. Au contraire, la marque prend le parti, via ses communications, d’informer et d’inspirer. D’expliquer ses choix…en toute transparence.
- la transparence est l’un des engagements forts d’earthbeat et, selon son fondateur, le ciment essentiel de la confiance entre la marque et ses clients.
- la marque s’engage à communiquer sans filtres sur tous les aspects : origine de ses matières, lieux de confection mais également structure du prix et naturellement mesure de l’impact carbone de ses produits. En effet, Jérôme est convaincu qu’il n’y a rien à cacher, au contraire.
Vêtements cycliste éco-responsables, Made in France
Au-delà de ses engagements, la marque assoit son modèle sur une production locale et un sourcing local. Par exemple, sa première collection de maillots route & cuissards route : hypernature !
Il s’agit d’une collection fabriquée avec du tissu 100% Made in France et assemblée intégralement en France.
En effet, produire localement c’est l’assurance que les partenaires offrent des conditions de travail et de rémunération justes et connues à leurs salariés. C’est également l’assurance que le mix énergétique des usines est l’un des moins carboné au monde. Enfin, c’est l’assurance de pouvoir aller voir ces partenaires facilement, en train ! Ainsi que, de pouvoir échanger avec eux régulièrement et observer de ses propres yeux la façon dont les choses se déroulent.
Sourcer et produire localement afin d’atteindre les standards de qualité de la plus haute exigence, c’est également dans les gênes de la marque. Il s’agit, pour son fondateur, de la garantie de pouvoir assurer à ses clients que leurs maillots et cuissards dureront des milliers et des milliers de kilomètres.
Les tissus pour les cuissards sont ainsi sélectionnés pour leurs résultats hors norme aux tests d’abrasion. Et si malgré tout, vos maillots et cuissards earthbeat venaient à montrer des signes de fatigue ou des accrocs après une chute. La marque offre des services de crash & repair et used & repair. Le but est de faire durer les équipements le plus longtemps possible afin d’éviter d’avoir à les remplacer trop rapidement. Si, malgré tout, au bout d’un moment vous avez besoin de renouveler votre garde robe cycliste, vous pouvez activer “re:beat”. Le programme de seconde main de la marque (semblable au worn wear que propose Patagonia).
Éco-responsables par nature !
Ajoutez à cela que les vêtements sont conçus en impliquant des cyclistes comme vous et moi. Que la marque analyse également l’ensemble de ses activités pour les rendre les plus sobre possible. Les shootings, par exemple, sont réalisés à proximité et en intérieur quand il fait trop froid. Malgré qu’il serait bien tentant de prendre l’avion afin de faire des jolies photos sous les tropiques. Vous avez ainsi un bon cocktail de ce qu’est une marque qui peut revendiquer d’être éco-responsable par nature.
“Nous aimons le vélo les émotions qu’il nous procure en nous transportant dans la nature. C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’il est essentiel de prendre le sujet de l’impact socio-environnemental à bras le corps. Afin de proposer une alternative fiable et séduisante aux cyclistes. Notre rôle est de répondre à leurs attentes en terme de technicité et de style et de faire notre maximum pour que nos produits soient le plus durables possibles. CO-RESPONSABLES, notre rôle consiste également à informer et expliquer les choses en toute transparence afin que nos clients puissent prendre des décisions en toute connaissance de cause. Ainsi nous leur offrons la possibilité de faire partie de la solution et d’assumer leur part de responsabilité. Car seuls, nous ne pourrons pas faire grand chose. C’est ensemble que nous pourrons réellement être ÉCO-RESPONSABLES.
Jérôme Homer, fondateur de earthbeat
Nous n’avons pas les moyens des marques déjà établies. Nous avons, en revanche la formidable opportunité de démarrer cette aventure aujourd’hui. En connaissant les enjeux de notre industrie et plus largement, l’humanité. C’est pourquoi, nous considérons comme une chance de décider que nous ne choisirons jamais entre performance, style et respect de la planète”.
Moins et Mieux !
En conclusion, la philosophie d’earthbeat concernant l’éco-responsabilité est que : “moins et mieux” est la solution. Sachant que qu’il n’y a pas de matière miracle. C’est à dire, qui laisse la planète dans un meilleur état une fois produite qu’avant de l’avoir été. Que notre frénésie de consommation est en grande partie responsable de l’impact de l’industrie textile. Le meilleur moyen d’être éco-responsable est donc:
- d’acheter des vêtements produits localement et en circuits courts. Afin de minimiser l’impact social et économique et la moindre empreinte carbone liée aux transports.
- choisir des vêtements pour qu’ils durent le plus longtemps possible.
- auprès des marques qui communiquent clairement sur leur traçabilité
- garder les vêtements le plus longtemps possible.
Enfin, d’offrir aux vêtements une 2nde, une 3ème, etc… vie. En vidant nos armoires et en donnant (en direct) ou en vendant sur les plateformes dédiées les vêtements que l’on n’utilise pas. On fera ainsi des heureux et toutes les pièces achetées d’occasion n’auront pas besoin de sortir de Terre !